Uno Casso Famuso : conte de Joseph Calcas

, par Claude Vertut

Uno Casso Famuso : Istòria del Josèp de Calcas.

 Escoutaz oquesto, diguèt Tirojusle.
 Qu’o très pans de creslo, opound bistonien, un des coumpognous, que counessio prou lou countaire.
 Boulèz plos dire que co ’s uno messourgo ; eh be ! coumbèni que per ne dire uno, me descaussorioi pas, mès boli que lou tounoudre m’espoutigue s’oco d’oici n’es pas lo bertat puro. Bous parli d’un briou : benioi de quita lou comi, é seguioi un droiol que beiriaz enkèro obal pel lo calprado. Tout d’un cop te besi possa doui renards, é, coumo de juste, lour oluquéri, sons espera cat de bouci. Lou de dobon s’en bai ol diaple, l’autre demoro sus plasso :
 L’a be fissa, me diguéri. Soulomen, olobiso de s’ofona, se sei sul cuoul coumo un chen é branlo pas mai qu’un roc.
 Diaple ! m’enmogenèri, co ’i lou drac dounc ?... M’obanci en pensen que moun gibié fenirio per prene Jan d’escampi. Del tout... èro oqui que m’esperabo. Dalbi un pauc lou pas é l’oprèuchi.
Quand l’ojèri jous lo mo, me trojèri que lo pauro bèstio èro obuclo. E, ço que l’y abio de pus brabe, tenio dins lo gulo lo couo de l’autre renard que moun cop de fusil abio coupado tout esclet.
Un idèio me bet : otrapi siaudomen oquel troucet de couo é tiri, per beire se lo bestioio me segrio. Et l’ase me fico ! lo te n’emeni d’oquel biai dusqu’o l’oustal.
Arresten nous oici.

Estrach : Armona Quèrcynol per Joseph Calcas per l’onado 1896

Traduction de Claude Vertut :

Une chasse fameuse

Écoutez celle-là dit Tirejuste :
 Elle a trois rangs de crête répond rapidement un des compagnons qui connaissait assez bien le conteur.
 Vous voulez bien dire que c’est un mensonge ; eh oui ! Je conviens que pour en dire une, je ne m’excuserais pas, mais que le tonnerre m’écrabouille si cela n’est pas pure vérité. je vous parle de longtemps. Je venais de laisser le chemin et je suivais un sentier où je voyais encore là-bas la prairie. Tout d’un coup je te voit passer deux renards et comme de juste je te les allumais sans plus attendre ! Celui de devant s’en va au diable, l’autre reste sur place :
 « L’a be fissa », me dis-je. Seulement au lieu de s’effondrer il s’assoit sur le cul comme un chien et ne bouge davantage qu’un rocher.
 Le Diable m’imaginai-je, c’est donc le drac.
Je m’avance en Santant que mon gibier finirait par prendre la poudre d’escampette.
Pas du tout...il était là qui m’attendait. Je presse un peu le pas et je l’approche. Quand je l’eus sous la main, je m’aperçus que la pauvre bête était aveugle. Et ce qu’il y avait de plus beau, il tenait dans sa gueule la queue de l’autre renard que mon coup de fusil avait coupée tout net.
Une idée me vient : j’attrape subitement ce bout de queue et je tire pour voir si la bestiole me suivrai. Et « l’ase me fico » ! Je te l’amène de cette façon jusqu’à la maison
Arrêtons-nous là !

Extrait de l’almanach Quercynois par Joseph Calcas pour l’année 1896

illustration de Christian Faure
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