LO C IGÀLO ET LO FROUMIT :Léon Armand

, par Claude Vertut

LO C IGÀLO ET LO FRO

UMIT

To lèou que bey beni l’estioù
Lo Cigalo sort de soun nioù
Et, sons pensa o lo frescuro,
Canto tont, coumo l’estioù duro.
Oytal fet uno. Paouro sotto !
Crési qu’ero de Pechogal.
L’hiber bengut, pas uno briotto
Per tal dé bouta chour coyssal.
Miséro orresto pas lo fon,
Et cal moncha boun on mal on ;
Lou bentré o’n’bet que touchour crido
Et que chomay n’o lo pipido.
Doun, quond ochet plo prou piotilat
Nostro Cigalo abio l’popat
Tout cuffé !
Bentre liouré es rare que buffé !
S’obi° ochut ton soulomen,
Un grel o mettre chous lo den,
L’azzé fiquo se lo couquino
Del rey foues estado cousino !
Mais rés... pas un quitté mousquil,
Pas soulomen un gru de mil !
Pourtant collio moncha !
S’en bo tusta chas so besino
Lo Froumit, que fet uno mino...
Quond l’y porlet de moléba ;
Car lo Froumit n’es pas prestayro
Surtout enquero mens dounayro.
Oyssis presta éro douna :
Fosio bien de se méfiza.
— « Presto mé, disio l’offomado
« To paotà que n’y ache mil ou blat,
« Un tonsiput, res qu’un chunchat,
« Sès siguro d’estre pogado,
« Obant lo Nostro-Damo d’ôs.
« Omay, on yoû, gognorés gros
« Lous intérets boldroet b biondo. »
— « Acho te, oquelo gourmondo !
« Tes pas lébado prou motis,
« Noyrol. espeço de pudis !
« As doun liourat toun gardo-pilo
« Que te calgue ona moléba ?
— « Bous bouldrioy pas troubla Io bilo »
Diguet Paoutro, « et sons moy torda
« Cal que bous digui, mo bésino,
« Que se nou boulés m’ossista,
« Me coldro mouri de fomino. »
— « Ah ça mais oliot d’omossa
« Que fosios doun pendent lo primo ? »
« Contabi » — « Ocos uno frimo »
— « Noun pas milliour que cat d’oouzel
« Contabi : coumo yo’n Dioti ol cel
« Ah contabos paouro bal gayré,
« Aro te cal donsa, pécayré !
« Et beyras se qualqu’entrechat
« Te pot emplina bu popat

TRADUCTION :

Aussitôt qu’elle voit venir l’été
La cigale sors de son nid
Et ça me penser à la fraîcheur
Elle chante autant que l’été dure
Ainsi fit, une pauvre Sotte !
Je crois quel était de Pechogal.
L’hiver venu, pas un brin à se mettre sous la dent,
Misère n’arrête pas la faim,
Et il faut manger bon an mal an :
Avec le ventre qui toujours cris
Et qui n’a jamais là pépie.
Donc, quand elle eut assez "Piotilat"piallé
Notre cigales
avait le jabot
Tout creux !
Ventre vide, c’est rare qu’il souffle !
Si elle avait eu seulement
Un grillon a mettre sous la dent,
L’âne "fiquo" si la coquine
Fut étée sa cousine !
Mais rien… Même pas un seul moucheron,
Pas seulement un grain de maïs !
Pourtant il fallait manger !
Elle s’en va frapper chez sa voisine
LaFourmie, qui fit une mine…
Quand elle lui parla d’emprunter ;
Car la fourmi n’est pas prêteuse Surtout encore moins donneuse,
Entendre prêté était donner :
Elle faisait bien de se méfier.
 « Prêtez- moi disais l’affamée
« Si peu qu’il y en est maïs ou blé,
« Un tant soit peu, rien qu’une poignée,
« Vous êtes sûre d’être payée,
« Avant notre dame d’Aout,
« Aussi avec moi vous gagnerez gros
« Les intérêts vaudront bien viande."
 « Regardez moi, cette gourmande !
« Tu ne t’es pas levée assez matin,
« Tu n’as aucune honte !
« Tu as donc videéton garde-manger
« Qu’il te faille aller emprunter ?
 « je ne voudrais pas troubler ta Conscience »
Dit Paoutro, « Et sans plus tarder
« Il faut que je vous dise, ma voisine,
« Que si vous ne voulez m’assister
« Île me faudra nourrir de famine. »
 « À ça mais au lieu de ramasser
« Que faisais-tu donc à la belle saison ? »
« Je chantais -« C’est une plaisanterie »
 « Non pas mieux qu’aucun oiseau
« Je chantais : comme une idiote
au ciel
« Ah tu chantais, pauvre vaut guère ,
« Maintenant il te faut danser, nma pauvre !
« Et tu verras si quelqu’un le "entrechat"
« Peut te remplir le jaloux »