Jules Cubaynes Biographie

, par Claude Vertut

Jules CUBAYNES

L’ABBÉ CUBAYNES est né, en 1894, à Lalbenque, dans ce Quercy blanc où il passa sa jeunesse et où il reçut ses premières impressions II nous en a dressé un bien vivant tableau dans La Terra e l’Ostal paru en 1935. « De pels estais del Mas lo nôstre fa pas trièl » Il est comme les autres et ce qu’il en dit s’applique au pays tout entier quand il nous décrit les réjouissances populaires dans « La Vota de Sant-Alari » et ses menus travaux dans une ode « As Vims » qui entre les mains habiles des artisans ruraux deviennent le nid :
« Que del nom lo mai dos del parlar occitan l’an apelat « lo Brès, lo Breson, la Bresola ».
Entré au grand Séminaire de Cahors en 1914, il est presque immédiatement mobilisé jusqu’en septembre 1919. Revenu au Séminaire, il est ordonné prêtre
le 29 juin 1923 et commence dès lors sa carrière de pasteur : vicaire à Cajarc curé de Gréalou en 1925, curé de Concots depuis 1938.
On le voit, M. l’Abbé Cubaynes n’a jamais quitté le même coin du Querc ; dont il connaît à fond les coutumes, les moeurs et le dialecte avec ses variantes
Sa connaissance du dialecte est d’autant plus complète que l’usage quotidiei du latin lui a donné l’habitude de penser dans cette vieille langue si proche de notre occitan.
Depuis 1918, il a, tous les ans, envoyé des poèmes à l’Académie des Jeux Floraux, et tous les ans nouvelles récompenses jusqu’en 1932, où d’un mouvement spontané et unanime, elle lui octroya la Lettre de Maîtrise es Jeux Floraux..
Par ses travaux et les sujets qu’il a traités, M. l’Abbé Cubaynes a montré
que « la lengo mairalo » n’était pas seulement capable d’exprimer les sentinents simples et naïfs de nos paysans, mais qu’elle pouvait avec succès aborler tous les genres.
Il a en effet publié, en 1930, une traduction des Géorgiques de Virgile, en 1932 les’Saints Evangiles, en 1936 L’Agonie au Jardin des Oliviers, en 1942 Le Avre de Tobie et d’autres oeuvres prêtes à être publiées dès que les circonstanes le permettront. Etant par nature fort indiscret, nous citerons parmi ces dernières : Les Actes des Apôtres, L’Enéide, Roméo et Juliette de Shakespeare et bien d’autres petites choses parues ou à paraître dans le Grel Carsinol. ou dans le Gai Saber.
Quelques-uns ont reproché à notre auteur sa graphie savante qui est celle de l’école occitane ; il faudrait cependant s’entendre : veut-on une graphie phonétique ? Ses variations d’un canton à l’autre en feraient une désastreuse cacophonie. Il ne faut pas oublier qu’un mot est une chose vivante qui s’accompagne toujours de nombreux attributs. Or l’orthographe d’un mot est en quelque sorte son extrait de naissance et son curriculum, ce qui lui donne son sens plein et harmonieux. Que les critiques songent un instant à ce que deviendrait notre langue française si
on supprimait "son orthographe. Il ne faudrait pas, même en littérature, chercher toujours le nivellement par en bas. La langue de M. l’Abbé Cubaynes est imagée, alerte, savoureuse et chez qui le souffle chrétien s’unit à une inspiration profondément humaine et terrienne, son âme sacerdotale exhale une poésie vraiment religieuse, non une simple traduction des livres saints, mais des vers qui dans leur simplicité retrouvent la foi ardente des premiers chrétiens. On voit par ces quelques mots combien M. l’Abbé Cubaynes est un ouvrier convaincu de la résurrection et du maintien de notre langue populaire :
« Nôstra Lenga viurà
tant que la maires carsinôlas bresaran tant que nôstres jovents se potonejaran
à la luna serana o dins la solelhada !. »
Le voeu du poète sera certainement exaucé.

CH. IRAGUE