24 juin - Feux de la Saint-Jean par Marc Burc de Puy-L’Evêque (46)

, par Marc Lagaly

Pour ceux de ma génération c’était ce soir là une grande réjouissance. Quelques jours à l’avance nous rassemblions le plus de bois possible à un endroit bien en vue.
Ce grand soir arrive tous les voisins jeunes et vieux étaient là entourant ce feu de joie. Garçons et filles dansaient la ronde autour du feu. Avant que le feu soit prêt de s’éteindre chacun son tour sautait le brasier, il y avait de la joie et cela finissait en chantant.

Fet de Saint-Jan

Coum’es douço la soubenenço
D’aquelses grands fets de Saint-Jan
Qu’al boun tems de nostro jouinesso
Manquaben pas de fa cad’an.

E quand aquel grand sé arribabo
Drollés, drollos aqui tout tour
Al pépé qué nou l’allumabo
Fasian aquel hounou toujour.

Las belugos sus las flambados
Coumo d’estèlos en boucis
Ressemblabou d’âmos emboulados
Din lou cèl, dret al Paradis.

Aro tout canjo, la jouinesso
Aoublido lou fet de Saint-Jan
S’amuso qu’as jots de bitesso
Io que su biel, lou foou cad’an.

C’est avec mélancolie que maintenant le soir de la Saint-Jean je ne vois plus au loin sur les hauteurs comme autrefois, s’allumer un grand nombre de ces feux.
On a dit que c’était une tradition païenne mais cette inoffensive manifestation symbolisait l’âme d’un peuple qui avait jusqu’ici voulu conserver cette tradition pour fêter la joie commune des jeunes et des vieux. Je l’ai fait jusqu’à l’âge de 82 ans. [soit 1966]

Marc Burc (1884-1979)
Tiré du manuscrit "Généalogie - Récits - Anecdotes" aimablement communiqué par le petit fils de l’auteur.

Traduction :

Comme il est doux le souvenir
De ces grands feux de Saint-Jean
Qu’au bon temps de notre jeunesse
Nous ne manquions pas de faire chaque an.

Et quand ce grand soir arrivait
Garçons et filles là tout autour
Au pépé qui nous l’allumait
On faisait cet honneur toujours.

Les étincelles sur les flambées
Comme d’étoiles en morceaux
Ressemblaient à des âmes envolées
Dans le ciel, droit au Paradis.

Maintenant tout change, la jeunesse
Oublie le feu de Saint-Jean,
Elle ne s’amuse qu’aux jeux de vitesse,
Moi qui suis vieux, je le fais chaque an.